Enfin la victime est anéantie. Elle continue de recevoir les assauts du dominant qui, en plus de nier ses droits à faire partie du groupe, commence à lui démontrer son inutilité et donc son inexistence : plus personne ne lui parle, sauf pour l’injurier, la menacer ou la moquer. Plus un bonjour, plus une attention, de quiconque. Pire, on l’interroge sur sa présence, pourquoi est-elle encore là ? Elle est maintenant anéantie et n’a plus qu’à s’exclure toute seule du groupe pour se préserver. Des absences répétées d’abord, puis prolongées, s’expliquant par une santé mentale extrêmement affaiblie et un évitement de toute situation la mettant au contact du lieu école et des autres. L’anxiété se change en angoisse, la peur se transforme en phobie et se rendre dans son établissement devient impossible. C’est gagné, la partie est jouée !
À ce moment précis, la victime ne se sent plus seulement impuissante. Si elle s’adresse aux adultes sans trouver réconfort d’abord puis réaction efficace de leur part à la mettre en sécurité, elle sait alors que plus rien ne peut mettre un terme à ce qu’elle subit. Il n’y a plus aucun espoir. Les pensées suicidaires peuvent faire leur apparition.
Si, en cours de processus, les jeunes victimes parviennent à obtenir une écoute empathique et une véritable protection de la part d’au moins un adulte et de quelques membres du groupe alors elles peuvent retrouver une sécurité relative. Les rapports de force pourtant figés peuvent s’inverser et le harcèlement se stopper.