SECOURIR

Sortir son enfant de la violence et signaler le harcèlement

Vous venez de comprendre que votre enfant est victime de harcèlement scolaire. Depuis plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être, il subit du rejet, de lʼintimidation, des violences, quotidiennement ou régulièrement, de la part d’élèves de sa classe, de son établissement et/ou de la part d’adultes. Petit à petit, ses conditions de vie deviennent difficiles, son estime de soi se démolit, son comportement, en classe et à la maison, change et sa santé se dégrade : sommeil perturbé, maux de ventre ou de tête à répétition, problèmes alimentaires, repli sur soi, angoisse, anxiété, dépression… Les violences quʼil a subies ont provoqué un stress important et il est possible quʼelles soient, pour lui, traumatisantes. Pour l’aider à traverser au mieux ces douloureux moments, il faut avant tout comprendre ce qui lui arrive, lui apporter un soutien adapté, lʼaccompagner à réguler ce stress et lui garantir très rapidement une sécurité émotionnelle.

1. ÊTRE À L'ÉCOUTE DE VOTRE ENFANT
et ne jamais remettre en cause ses émotions

Les violences répétées quʼil a subies ont affaibli votre enfant, il ne peut se montrer fort face aux assauts de ses agresseurs, ni se défendre. Il a peur, il a honte, il est en colère, il est triste… Cʼest grave, et cela ne passera pas tout seul, si on ne fait rien.
Sʼil souhaite oublier ce quʼil a vécu, il vous le racontera difficilement. Surtout si ces confidences réactivent en lui des émotions désagréables et des ressentis intenses comme des battements de cœur qui sʼaccélèrent, la respiration qui devient rapide et la sueur qui commence à perler. Il est possible que votre enfant vive un traumatisme. Dans ce cas, nʼinsistez pas et aidez-le à exprimer ses émotions et ses ressentis.
Sans chercher à lui faire raconter les faits, encouragez le à vous expliquer ce quʼil a ressenti sur le moment, ce quʼil ressent encore au moment où il vous en parle. Ces confidences sont très douloureuses mais nécessaires pour vous permettre de comprendre les conséquences du harcèlement scolaire sur sa santé mentale. Vous pouvez également les évaluer à partir dʼun questionnaire que nous mettons à votre disposition.
 
Sʼil est en état de vous raconter ce quʼil a vécu, accompagnez-le à le faire, sans jamais juger sa réaction ni son absence de réaction. Rappelez-vous que le harcèlement sʼinstalle dans un rapport de force disproportionné et que votre enfant ne peut y réagir de façon habituelle. Dites-lui que vous pouvez tout entendre et que vous ne ferez rien sans son accord. Vous conserverez ainsi sa confiance et ses confidences seront facilitées.
 
Pris isolément, les événements vécus par votre enfant peuvent paraître insignifiants à un adulte qui va bien. Ne remettez pas en cause ce quʼil a pu et peut encore ressentir : une peur importante voire de la panique, une grande colère, de la honte ou une profonde tristesse… toutes ces émotions sont légitimes dans pareille situation. Accueillez ses ressentis, nommez-les si votre enfant nʼy parvient pas mais ne les jugez pas, vous risqueriez dʼen rajouter à sa souffrance.
 
Vous pourriez être surpris par la violente répétition de ces événements et par la peur extrême que votre enfant peut vivre au quotidien. Si ses confidences sont douloureuses pour vous, dites le à votre enfant mais gardez espoir, et dites-le lui, ensemble, vous sortirez de cette douloureuse expérience.

2. METTRE VOTRE ENFANT À L'ABRI DES VIOLENCES

Parfois, il convient de ne plus scolariser votre enfant le temps de bien comprendre la situation et de trouver des solutions. La loi française ne prévoit pas de droit de retrait de lʼélève. Pourtant, il est important que lʼenfant puissent être momentanément sorti de lʼenvironnement violent, le temps pour lui de se sentir en sécurité. Il nʼen abusera pas. Mais savoir quʼil peut y accéder le rassurera.
Pour cela, il vous faudra consulter votre médecin, lui faire part de la situation, si ce nʼest pas déjà fait, et obtenir de sa part une attestation justifiant lʼabsence en classe. (Pensez à en garder un exemplaire.)
 
Si lʼabsence en classe de votre enfant est supérieure à 2 semaines et si votre enfant à moins de 16 ans, vous pouvez contacter le SAPAD (Service d’Assistance Pédagogique A Domicile) de votre département pour poursuivre son instruction à la maison. (Vous trouvez rapidement leurs coordonnées sur Internet en recherchant SAPAD suivi du numéro de département). 
 
Pendant quʼil est en sécurité, travaillez conjointement avec son établissement scolaire à préparer son retour. Dans la plupart des cas votre enfant ne peut y retourner sans un minimum dʼaménagements. Nous les avons résumés dans un document que vous pouvez transmettre à lʼétablissement scolaire de votre enfant.

3. FORMALISER LE HARCÈLEMENT

Pour toutes les démarches dʼaccompagnement de votre enfant, vous allez devoir présenter les propos et les comportements quʼil a subis et les conséquences pour sa santé. Il vous faut donc faire, avec lui, ce travail de recensement.
 
Évoquer ces faits avec vous est douloureux et anxiogène pour votre enfant. Respectez son rythme, reconnaissez son courage, et surtout permettez-lui de sʼapaiser régulièrement avec une respiration ventrale, proposez-lui les exercices de respiration adaptés de BonjourOmi.
 
Et si, malgré cet apaisement, il refuse de vous dire, nʼinsistez pas et contactez-nous.
 
Si votre enfant est en capacité de vous raconter, autant que possible, encouragez-le à écrire ce quʼil a subi ou subit encore. Et peu importe les fautes dʼorthographe ou de grammaire. Lʼécriture lʼaidera à ne plus être submergé par ses émotions et à avoir des réactions plus sereines.
 

Ses écrits constitueront ses confidences et vous éviterez ainsi de lui imposer le récit de sa douloureuse expérience à chaque professionnel qu’il rencontrera. En effet, raconter ces souvenirs peut éveiller en lui les mêmes émotions intenses que celles ressenties pendant les faits et réactiver lʼéventuel traumatisme. Mieux vaut donc éviter de lui faire répéter trop souvent ce quʼil a pu vivre.

Efforcez-vous de lʼinterroger afin de pouvoir lister ces différents éléments :
 
  • Ce qui sʼest produit et à quel moment
  • Les auteurs
  • Les témoins, enfants et adultes (leurs réactions ou absence de réaction)
  • Les réactions de votre enfant (sʼest-il défendu, a-t-il insulté en retour, etc.)
  • Votre enfant en a-t-il parlé à un adulte de lʼétablissement ? (Qui ? Quand ? Sa réaction ?)
  • Les actions mises en place
  • Les conséquences sur le comportement de votre enfant en classe et à la maison et sur sa santé
 
Pensez à indiquer les professionnels de santé que vous avez rencontrés (noms, date et réactions).
 
Plus cette liste sera précise et détaillée, plus elle définira votre crédibilité et démontrera le harcèlement et ses conséquences. 

4. ACCOMPAGNER VOTRE ENFANT À RETROUVER SA JOIE DE VIVRE

Sortir temporairement ou durablement de la violence ne suffit pas toujours, à votre enfant, pour quʼil retrouve son sourire et son envie dʼapprendre. Ces violences répétées ont des conséquences sur sa santé mentale et même physique, notamment sʼil a été frappé, une ou plusieurs fois.
 
Dans le meilleur des cas, le harcèlement quʼil a subi a écorné la valeur quʼil avait de lui-même et détruit en partie son identité. Il a perdu totalement ou partiellement sa confiance en lui, en les autres et parfois même en lʼavenir.
Dans le pire des cas, ces événements se sont figés dans une mémoire parallèle qui le retient prisonnier du passé et lʼempêche de reprendre une vie normale : tout ou presque tourne toujours autour de ce quʼil a vécu, il en rêve la nuit, il est envahi le jour par des pensées intrusives qui activent dʼintenses émotions, il vit dans une peur quasi permanente, un rien le fait sursauter, il est incapable de se concentrer sur son travail, les activités quʼil aimait ne lʼintéressent plus, ou beaucoup moins, il dort mal, peu… il peut recourir aux auto-blessures,… votre enfant souffre alors de stress post traumatique. Vous pouvez le vérifier en remplissant le questionnaire que nous mettons à votre disposition.
Ce nʼest pas irréversible ! 

Avec beaucoup dʼamour et des outils appropriés, vous pouvez accompagner votre enfant à reprendre le cours de sa vie et à retrouver une vie sociale épanouie.

5. SIGNALER LE HARCÈLEMENT AUPRÈS DE L'ÉTABLISSEMENT

Avec la liste établie à partir des confidences de votre enfant, vous pouvez signaler le harcèlement scolaire dont il est victime, auprès de la direction de son établissement. Chaque établissement est invité à respecter le protocole de traitement des situations de harcèlement scolaire du Ministère de lʼÉducation Nationale.

 

À la suite de votre signalement, des actions doivent être engagées afin que votre enfant retrouve une scolarité sereine et puisse être accompagné pour son retour en classe dans les meilleures conditions.

 

Si ce nʼest pas le cas, vous pouvez alors signaler le harcèlement de votre enfant auprès de la DSDEN, Direction des Services Départementaux de lʼÉducation Nationale qui pourra alors apporter son soutien à lʼétablissement de votre enfant.

6. S'ENTOURER DE PROFESSIONNELS DANS VOS DÉMARCHES

Dans toutes les situations, et en parallèle des démarches réalisées auprès de lʼétablissement, signaler le harcèlement de votre enfant auprès de lʼassociation départementale du réseau France Victimes. Si vous le souhaitez, elle apportera à votre enfant et à votre famille, une écoute privilégiée et lʼaide psychologique, sociale et juridique nécessaire pour gérer votre situation particulière. Leur  accompagnement professionnel est gratuit et efficace. Retrouvez ici l’annuaire de France Victime.
Pensez aussi à contacter votre assurance. La plupart des contrats dʼassurance Famille et/ou Accidents de la vie proposent une prise en charge psychologique dans les situations de violence scolaire, de racket, de cyberharcèlement. Le plus tôt possible après la révélation des faits, contactez votre assureur et exposez-lui la situation. Vous serez alors renseigné sur lʼassistance quʼil pourra vous apporter.